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Argent et spiritualité

Nous portons tous des croyances autour de l’argent. Et nous sommes nombreux à trouver malgré tout que notre vie serait probablement plus simple si on en avait un peu plus. Ce que nous ne faisons pas souvent, c’est mettre ces deux informations face à face. Si ma croyance profonde est que l’argent crée des tensions, déclenche des guerres, abuse des faibles, et rend mauvais… alors il est normal que je ne puisse pas l’accueillir dans ma vie.



Cela fait plusieurs fois que la question de la valeur des soins est posée près de moi. La valeur monétaire du cheminement spirituel. C’est une excellente question. Mon chemin spirituel doit-il forcément être monétisé ? À quel point le coût demandé pour les différents stages, les pratiques, les formations qu’on nous propose à foison est un abus de pouvoir, un abus de confiance, et « salit » les pratiques concernées ?


Je ne peux parler que depuis mon expérience propre et ce que je vais partager là, comme dans les autres capsules, n’est que le fruit de mes réflexions sur le sujet. À vous de choisir si vous voulez prendre ou laisser…


La première chose concerne la relation globale, hors spiritualité ou spiritualité comprise, que j’entretiens avec l’argent. J’aime me souvenir que l’argent est avant tout un moyen pour faciliter les échanges. Si je veux ces noix, et que je n’ai que de la farine à donner en échange, alors que la personne qui a les noix veut des pommes, je ne peux pas avoir les noix. Si j’utilise l’argent comme un outil dans cet échange, je peux échanger ma farine contre de l’argent, puis cet argent contre les noix, et tout le monde est content.

L’argent n’est qu’un outil. Il n’est pas mauvais intrinsèquement. C’est ce que je choisis d’en faire qui le rend plus ou moins « mauvais ». Donc si mon éthique personnelle est forte, avoir de l’argent ne pose pas de soucis.



Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est à quel point j’ai effectivement du pouvoir quand j’ai de l’argent dans les mains. Et c’est là qu’il est important de travailler sur soi, sur sa place dans le monde, sur la vibration spirituelle de tout ce qui est. Parce que faire bon usage de ce pouvoir est primordial. Si j’arrive à rester alignée, je peux changer le monde. Le plus puissant des bulletins de vote se trouve dans votre porte-monnaie. Posez-vous la question à chacun de vos achats : quel monde est-ce que je cautionne en achetant ça ? Si je mets mon énergie-argent dans des chaussures qui ont été fabriquées à l’autre bout du monde par un enfant de 6 ans payé quelques centimes de l’heure et travaillant plus de 10 heures par jour… je vote pour ce monde. Je consens à cette société qui considère normal que mon bien-être social passe avant mon humanité, et qu’on mette en esclavage toute une frange de la population mondiale pour nos modes de vie. Je vous préviens, commencer à se poser la question peut mener très loin. Mais des réponses existent, en terme de mode de vie, de choix de vêtements, de surveillance des filières. Il faut à un moment donné oser se poser la question.


À ce point de mon raisonnement, on en est arrivés à la conclusion que vous n’avez pas beaucoup d’argent parce que vous avec intégré dans vos cellules l’idée que l’argent est sale et abuse de l’autre, mais où le peu d’argent que vous avez sert régulièrement à abuser de l’autre, à travers vos achats quotidiens (huile de palme, colorants et additifs alimentaires, vêtements fabriqués par des enfants, smartphone ayant impliqué un travail inhumain dans des mines de cobalt, et j’en passe). Je vous rassure, avec cette conscience accrue des choses, je n’ai pas encore le mode de vie parfait qui me permet de donner de leçon à quiconque. J’essaye de rester en conscience de ça. C’est le mieux que je puisse faire aujourd’hui.



La seconde chose à partager est la place de l’argent dans le spirituel. Les stages en développement personnel sont à la mode, et nombreuses sont les offres pour vivre des expériences plus ou moins extrêmes, à des tarifs très variables. Est-il juste que l’offre spirituelle soit monétisée ?


D’abord ce n’est pas obligatoire. On peut faire un magnifique chemin de développement personnel sans débourser un centime, en mettant en place les temps de méditation et de pratiques seul chez soi. Et nombre de leaders spirituels de l’humanité se sont guidés seuls sur leur chemin de foi. Je pense notamment à Amma, qui n’a pas eu besoin de stage new age pour apprendre à aimer. Personne n’en a besoin, au plus profond de son être. Nous sommes faits de la même substance, tous autant que nous sommes, et nous pouvons grandir et nourrir cette substance au cours de nos vies sans avoir besoin de guide extérieur pour ça.


Mais à partir du moment où on ressent le besoin de ce guide particulier, il est difficile de dire : je veux l’enseignement, mais comme cet enseignement est de l’ordre du spirituel, je ne veux pas payer pour cela. On paye pour mille choses dans sa vie. La nourriture est abondante sur la terre, et on peut vivre de la cueillette sans dépenser un centime, mais à partir du moment où on veut que quelqu’un ait cultivé et ramassé la nourriture à notre place, on trouve normal de le payer pour ça.

Vous me direz ce n’est pas du même ordre de prix et c’est vrai.

Cela dit, j’en reviens à ce que je disais plus haut : en terme de nourriture si vous payez peu cher, c’est que quelqu’un a payé à votre place. Beaucoup d’agriculteurs n’arrivent pas à vivre de leur métier, se suicident, entrent en dépression, parce qu’on attend d’eux du rendement (et beaucoup choisissent les phyto-sanitaires pour répondre à cette exigence) et des prix bas. Le travail mérite un salaire. Et je paye mes fruits et légumes bio chez le producteur, au prix qu’il a fixé selon ses besoins vitaux à lui.



« Tout travail mérite salaire ». Quel est le juste milieu entre la valeur demandée pour la pratique et l’investissement du formateur ou de l’enseignant dans cette pratique ? Un week-end de pratiques, avec parfois la nuit de veillée et de présence, à tenir l’énergie du groupe, avec les frais de déplacement et d’hébergement que ça implique parfois pour aller proposer le week-end dans un lieu spécifique, les outils nécessaires à cette pratique (un tambour, des bols tibétains, des bougies, des encens, des coussins ou des matelas de pratique, que sais-je encore), les charges sociales qu’il va falloir produire dans certains cas parce que l’organisme qui nous encadre a un statut officialisé, le temps passer à communiquer sur les offres, à s’occuper de l’administratif, et à préparer le contenu du week-end…

Dans un cadre normal, organiser une formation ou proposer une pratique coûte beaucoup, au-delà du temps réel passé en présence des stagiaires. Il y a toujours des abus de pouvoir, et le spirituel ne fait pas exception à la règle. Celui qui paye a le droit de poser des questions et de remettre en cause ce qui lui est offert pour le prix qui est demandé. Mais c’est une question de contrat : si tu ne veux pas payer le prix que je demande, tu peux renoncer à mon enseignement. Encore une fois, on est libre.



Et encore une fois, nettoyer son rapport à l’argent est parfois la première étape à franchir pour se libérer de ces questions. J’ai payé une formation il y a quelques années pour apprendre la gestion financière. C’était très « capitaliste » mais bourré de personnes très spirituelles qui voulaient pouvoir créer un revenu suffisant pour changer le monde. Et on change le monde à partir de ce qu’il est, pas en fantasmant sur ce qu’on voudrait qu’il soit. L’argent est au monde aujourd’hui, et c’est un outil qui peut permettre de grands changements de société s’il est géré et utilisé avec intelligence, et si on nettoie nos croyances héritées associées. J’aime continuer à travailler à créer du revenu qui me permette de vivre sainement et sereinement, tout en consacrant de l’énergie à ces initiatives qui changent le monde : la June ( ou Ğ1, avec laquelle vous pouvez payer en partie mes pratiques), les groupes d’entraide et de solidarité, le JEU, et les achats locaux, de qualité, au prix juste.



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